Lundi 17 mars 2025
Journée post marathon tranquille aujourd'hui. Après le petit-déjeuner, nous finissons de nous préparer avant de sortir. Le programme du jour : ce matin, visite du Mercato di Testaccio où nous allons certainement déjeuner et cet après-midi, balade jusqu'au Largo di Torre Argentina et sa colonie de chats.
Direction le Mercato di Testaccio, distant de 2 kilomètres de notre logement. Il s'agit d'un marché surtout alimentaire situé dans le quartier de Testaccio, dans le sud-est du centre de Rome. Celui-ci est riche en histoire et connu par beaucoup comme un haut lieu de la gastronomie locale. Le Mercato di Testaccio était à l'origine installé sur la place historique du quartier jusqu’en 2012, date à laquelle il a été déplacé dans un endroit plus moderne à proximité. Depuis, le lieu connaît un regain d’intérêt important. Bien qu'il attire certains visiteurs, les personnes fréquentant l'endroit sont principalement des Italiens qui viennent acheter des produits frais, comme des fruits, des légumes, de la viande et des fromages. Les locaux s’asseyent parfois pour prendre leur déjeuner sur place ou alors s’attardent au bar du coin, le Chicchi e Lettere, discutant autour d’un café, d’un vin, d’une bière et de collations. Un véritable lieu de vie ! Nous faisons comme les locaux et les quelques touristes présents, en prenant notre déjeuner chez ''L'Angolo in Teglia" où nous choisissons deux ''pizzas al taglio'' chacun et un artichaut frit à la romaine.
Nous rentrons ensuite à l'appartement pour prendre un café agrémenté de quelques fraises et digérer un peu.
Nous repartons en vadrouille, cette fois en direction du Largo di Torre Argentina. Pour nous y rendre, nous descendons de notre colline et nous traversons une partie du quartier de Trastevere. Passage par le Ponte Garibaldi, qui nous permet de franchir le Tibre mais également d'admirer sur notre gauche la coupole de Saint-Pierre du Vatican et sur notre droite la Isola Tiberina.
Le Largo di Torre Argentina se présente sous nos yeux ! Un peu d'histoire : Entre 1926 et 1929, pendant les travaux de démolition du vieux quartier compris entre Via del Teatro Argentina, Via Florida, Via S. Nicola de' Cesarini et Corso Vittorio Emanuele pour la construction de nouveaux bâtiments, un complexe archéologique a été découvert : une vaste place pavée sur laquelle se dressent les restes de quatre temples, désignés par les quatre premières lettres de l’alphabet, car leur identification n’est pas encore tout à fait certaine. Le temple C (fin IVͤème début IIIͤème siècle avant J.-C.) était probablement consacré à la déesse Feronia, tandis que le temple A (milieu IIIͤème siècle avant J.-C.) placé sur le même niveau, était consacré à Giuturna. Au début du IIͤͤème siècle avant J.C. a été construit le temple D, dédié aux Lares Permarini (divinités romaines protégeant les marins et leurs temples) ou selon d’autres hypothèses, aux Nymphes. A cet étage est liée la construction du temple B, à plan circulaire sur un haut podium, identifié avec le temple de la Fortuna huiusce diei, c'est-à-dire la Fortune du jour présent. Il se trouve que c’est là que Jules César a été assassiné. Cet assassinat est le résultat d'un complot de sénateurs romains qui se surnommaient entre eux les Liberatores. Peu avant, le Sénat avait nommé Jules César dictateur à vie, ce que certains sénateurs n'acceptaient pas. Ils pensaient que le régime allait aboutir à une tyrannie et que Jules César se ferait couronner roi de Rome. L'assassinat a eu comme résultat la guerre civile des Libérateurs suivie de la prise du pouvoir par Octave, qui allait devenir Auguste, premier empereur romain. Mais ce temple B, pour de nombreux visiteurs et habitants de Rome, est surtout connu pour abriter le plus grand sanctuaire et refuge pour chats errants de Rome, avec plus de 100 chats qui y vivent actuellement. Il a été fondé officieusement en 1929 par les chats eux-mêmes lorsqu’ils se sont installés sur le site récemment fouillé. Au cours des décennies qui ont suivi, de généreux habitants de Rome ont décidé de s’occuper de ces félins. Le sanctuaire est devenu célèbre dans les années 1950 lorsque la star de cinéma italienne Anna Magnani est devenue mécène alors qu’elle travaillait dans un théâtre voisin. En 1995, le refuge a été officiellement fondé par Lia Dequel et Silvia Viviani, après de nombreuses années de travail acharné de la part d’un seul bénévole. Depuis, le refuge est reconnu pour son travail de protection des chats de Rome, non seulement en Italie, mais aussi dans le monde entier.
Poursuite de la balade en passant tout d'abord devant l'imposant et magnifique Monumento a Vittorio Emanuele II. Juste derrière, deux séries de marches mènent successivement à la Basilica di Santa Maria in Aracoeli et à la Piazza del Campidoglio.
En descendant la rue, nous arrivons au Teatro di Marcello qui devance le Tempio Maggiore di Roma, autrement dit la Grande Synagogue de Rome, avec le Portico d'Ottavia juste à côté.
Nous arrivons maintenant à la Isola Tiberina où nous nous attardons un peu pour en faire le tour complet. Longue de 300 mètres et large de 90 mètres, c'est la plus petite île habitée du monde, formée de roches volcaniques et de dépôts fluviaux accumulés. Elle est également appelée aussi "inter duos pontes" car elle est reliée à la ville par deux ponts qui permettent le passage du Tibre : vers le Trastevere par le pont Cestio et en direction du Ghetto par le pont Fabricio. L'île Tibérine traverse différentes phases et histoires, faites de sacralité, de légendes et de mythes. Sa fonction sacrée est due à la construction du temple romain d'Asclépios, dieu de la médecine, sur les vestiges duquel a été construite plus tard l'église de San Bartolomeo all'Isola. L’hôpital ''Fatebenefratelli'', fondé en 1584, est toujours en activité.
En reprenant la direction de l'appartement, nous empruntons les anciennes ruelles étroites et pavées du quartier de Trastevere. On profite de notre passage devant la Chiesa di Santa Maria dell'Orto pour la visiter.
Petite pause curiosité devant (et dans) la boutique ''Cereria Di Giorgio'', une enseigne de bougies datant de 1908.
Quelques centaines de mètres plus loin, sur le trottoir de la Viale di Trastevere, nous pouvons observer quelques pietre d’inciampo. Dans les années 90, l'artiste allemand Gunter Demnig a eu l’idée de matérialiser l’existence des hommes et femmes qui avaient été déportés puis assassinés dans un camp de la mort, parce qu’ils étaient juifs, roms, membres de la Résistance, homosexuels, témoins de Jéhovah, chrétiens en opposition au régime nazi ou handicapés. Par un cube, dé de métal ou de béton, de 10 cm sur 10 cm couvert d’une plaque de laiton et encastré dans le sol devant les maisons où ils habitaient, il témoigne de leur existence et d’une réalité qu’on ne doit pas oublier. Sur la plaque de laiton est gravé : ''ici habitait'' suivi du nom, de l’origine, de la date de naissance, de la date et du lieu du décès de la personne. En allemand, ces pavés s’appellent Stolpersteine, littéralement ''pierres sur lesquelles on peut trébucher'', en italien pietre d’inciampo (pierres de la gêne) en français, pavés de la mémoire. Ce sont plus de 40 000 pavés aujourd’hui qui ont été déposés dans toute l’Europe depuis 1995. A Rome, ce sont 191 sampietrini (les pavés romains), couverts de laiton, qui ont été installés. Ces petits pavés, par leur modestie et parce qu’ils font désormais partie du quotidien des Romains, agissent mieux que ne le ferait un grand monument. Rome a connu des horreurs pendant l’occupation nazie et sur ces pavés, on retrouve le noms de déportés juifs ou prisonniers politiques à Auchwitz, Dachau, Mauthausen, Buchenwald, Ravensbrück et Flossenbürg, ou de personnes déportées après la rafle du 16 octobre 1943, ou celle du Quadraro, et on retrouve aussi les noms d’hommes et femmes massacrés aux Fosses Ardéatines, à Forte Bravetta, via Pietralata, au Pont de l’industrie, ou à la Storta.
Dernier arrêt avant de rentrer à l'appartement, sur le Belvédère Legione Polacca pour admirer les toits de Rome avec le soleil rasant.
Pour le dîner, Julie nous concocte une jolie et délicieuse assiette aux couleurs et aux saveurs italiennes !