Jeudi 9 mars 2023
Comme je le dis souvent, toute bonne chose a une fin. Ce matin, nous terminons de ranger nos affaires dans les sacs à dos avant de quitter notre logement qui aura été vraiment top durant la semaine. Notre avion est censé décoller à 15h15, ce qui nous laisse pas mal de temps pour flâner dans les rues romaines. Nous quittons l'appartement à 10 heures comme c'était prévu avec la propriétaire des lieux.
Quatre cent mètres plus loin (et plus haut car ça monte pour s'y rendre), nous faisons une pause chez ''Baja Beach'', Julie ayant envie d'une bonne glace (noisettes-pistaches). Hier nous nous y étions également arrêtés pour nous offrir le dessert du dîner.
Nous reprenons notre marche en direction du nord du quartier d'Ostiense où nous allons nous balader en levant la tête car notre thème du jour est le street art. En chemin, nous passons à côté du Ponte Settimia Spizzichino et de la friche industrielle, tout en passant à côté d'une affiche du semi-marathon RomaOstia.
Nous arrivons à notre objectif : le street art du quartier d'Ostiense. Un projet d'art urbain connu sous le nom de district d'Ostiense a été lancé en 2015 dans le but de transformer ce qui était la zone industrielle de Rome en un quartier branché et d'embellir certains bâtiments anciens et en ruine. Au coin de la Via delle Conce et de la Via del Porto Fluviale se trouve l'immense fresque de Blu nommée "I Mille Volti" dessinée sur la façade de l'ancienne caserne de l'armée de l'air et représentant ''Les Mille Visages'', un exemple emblématique du street art à Ostiense.
Mela Mundi est apparue sur les murs de la Via del Porto Fluviale, signée par ZED1 et voulue par les propriétaires de Porto Fluviale, à l'occasion du dixième anniversaire du lieu. Mela Mundi est l'histoire du monde à travers les yeux d'une pomme comme symbole et "messager" de la nature. Le premier tableau représente la première pomme par excellence, celle d'Eve, originale et pure. La seconde représente les différences sociales. Dans le troisième tableau, les restes de l'empereur sont pris d'assaut par des serviteurs et des esclaves. Avec la quatrième partie nous arrivons à l'ère des Croisades, avec un chevalier qui met le feu au nom de Dieu. La révolution industrielle du cinquième tableau est le début de la contamination de la nature, tandis que la sixième raconte l'époque dans un monde pollué, la nature est aujourd'hui métamorphosée par l'homme qui exhibe une pomme cubique, contre-nature, loin des origines et de la nature elle-même.
En tournant à gauche Via Giuseppe Acerbi, nous découvrons une fresque publicitaire commandée par Cartoon Network, la société américaine dont le siège romain se trouve dans ce même bâtiment. L'œuvre a été peinte par les artistes de rue basés à Rome OMINO71 et MR. KLEVRA et met en scène les personnages les plus populaires de la chaîne de télévision.
Derrière la Via del Porto Fluviale tout au long de la Via dei Magazzini Generali se trouve le "Wall of Fame" orange, noir et blanc de JB Rock représentant des célébrités telles que Dante Alighieri, Jimi Hendrix, Elvis Presley, Quentin Tarantino, Obama et Ray Charles. L'un des streets arts les plus célèbres et les plus photographiés d'Ostiense. En face de ce ''Wall of Fame'', nous trouvons l’œuvre ''Black and White power'' de Sten Lex représentant une panthère sur laquelle nous pouvons voir le portrait d’une fille. Elle symbolise le pouvoir, compris comme une force créatrice.
Régulièrement, de nouvelles fresques apparaissent, notamment sous le gazomètre où les artistes de rue romains Diamond et Flavio Solo, qui peignent souvent ensemble, ont réalisé ''Diamond + Solo''..
Sur les murs entourant le gazomètre principal se trouve la longue fresque de l'artiste de rue britannique Kid Acne "Paint Over The Cracks". Réalisée sur un mur de 100 mètres de long sur la Via del Commercio en 2011, il s'agit de sa première peinture murale à Rome.
Quelques mètres plus loin, une fresque de Mauro Pallotta (Maupal), artiste de rue célèbre, prend partie dans la bataille pour la vérité sur l'enlèvement de l'expert en guerre électronique Davide Cervia, enlevé et disparu depuis le 12 septembre 1990 pendant la guerre du Golfe.
Nous longeons l'école des Pompiers, ''l'Instituto Superiore Antincendi'', puis juste après le bâtiment ancien des Douanes accolé à un immeuble ultra récent et moderne. Ce mélange ''ancien/moderne'' est très beau à admirer.
En revenant dans la Via del Porto Fluviale, nous tombons sur une double fresque : la première œuvre intitulée ''Fish'n Kids'', peinte en 2011 par Agostino Iacurci montre un homme nageant joyeusement parmi des poissons colorés. Cette œuvre peut également être interprétée en relation avec le marché aux poissons en contrebas. La seconde, se trouvant sur la seconde façade, est une peinture murale nostalgique d' Axel Void. L'artiste de rue basé à Miami a peint le propriétaire d'une quincaillerie qui se trouvait dans ce bâtiment à l'époque où Ostiense était encore le moteur industriel de la ville.
L'œuvre de l'artiste italienne Iena Cruz, réalisée sur l'un des immeubles au carrefour avec la Via delle Conce, est la plus grande fresque verte d'Europe. Elle est appelée la ''murale mangeuse de smog'' parce qu'elle a été réalisée avec de l'Airlite, une peinture écologique spéciale qui capte les polluants et les détruit grâce à une réaction similaire à la photosynthèse chlorophyllienne des plantes. Le protagoniste de la fresque est un héron tricolore, une espèce en voie de disparition, avec une double interprétation : il vient de capturer une proie dans une mer fortement polluée. Il est donc victime d'un impact environnemental. Mais il purifiera aussi l'un des carrefours les plus pollués du quartier, voire de Rome.
Un peu plus loin, Via delle Conce entre les numéros 9 et 11, on admire la très belle peinture murale, créée en avril 2021 par un collectif de jeunes artistes (Isiderio) originaire de Montesilvano dans la province de Pescara. La maxime rapportée sur le mur est tirée du texte de la chanson d'Elvis Presley, "Follow that dream". Un hommage à Rome se trouve dans l'album "Love Letters From Elvis", qui contient la chanson intitulée "Heart Of Rome".
On découvre en face, l'œuvre de l'artiste français MTO, berlinois d'adoption ''La Casa di Silvio'', qui évoque le plus célèbre des Silvio (Berlusconi après ses déboires judiciaires). Le personnage mi-videur et mi-proxénète, est adossé à la porte de sortie d'une des boîtes de nuit les plus célèbres de Rome, ''Il Bunga Bunga''.
Nous passons sous l'historique ''Mur d'Aurélien'' pour accéder à la Via Nicola Zabaglia. De l'autre côté de cette muraille, nous découvrons le cimetière militaire de Rome. Il s'agit d'un mémorial de guerre qui abrite les restes des soldats du Commonwealth tombés à Rome pendant la Seconde Guerre mondiale. Fondé en 1947, l'endroit est très serein, à l'abri des bruits de la circulation toute proche. Il ressemble à un vaste jardin ombragé de pins, très bien entretenu, auquel on accède par un vestibule circulaire couvert mais ouvert (gratuitement) qui abrite une urne en bronze contenant les noms des soldats tombés présents ici.
Nous prenons ensuite la direction de la gare d'Ostiense en empruntant la Viale del Campo Boario, tout en longeant le ''Mur d'Aurélien''. On finit par arriver au niveau de la Piramide di Caïo Cestio et de la Porta San Paolo. En traversant pour accéder vers les gares de Roma Ostia Lido et de Ostiense, nous passons à côté d'une sculpture appelée "Toutes les cibles potentielles" qui commémore toutes les victimes du nazisme et du fascisme, comme exprimé sur la plaque placée sur un côté du monument intitulé en italien ''Tutti potenziali bersagli''. L'œuvre a été créée en 1995 par Emilio Leofreddi, et représente 5 silhouettes, chacune avec un spectateur et enchaînées, au regard des miroirs. Cela signifie que tout citoyen ordinaire peut être une cible potentielle de persécutions. Sur chacune des 5 silhouettes figure un symbole qui rappelle une catégorie spécifique persécutée sous le nazisme : un triangle rose pour les homosexuels, un bleu pour les émigrés fuyant le nazisme, un marron pour les gitans, un rouge pour les opposants politiques et une étoile de David jaune pour les juifs.
Nous voilà en gare d'Ostiense. C'est le moment de dire au revoir à Rome. Trente minutes après avoir quitté cette gare, nous arrivons à celle de l'aéroport. Notre avion a quarante-cinq minutes de retard dû à la grève des contrôleurs aériens français. La France et les grèves !!!
On a du temps pour prendre notre déjeuner chez ''Caïo'' où nous mangeons notre dernière pizza italienne. Elle est bien bonne même s'il s'agit d'un resto d'aéroport. Vers 15h15 nous commençons l'embarquement puis nous suivons un long couloir qui finit par nous amener à la porte nous donnant l'accès à notre avion EasyJet. Le vol se passe très bien. Nous passons au-dessus de l'Italie avec le soleil. Pareil au-dessus des Alpes mais plus on se rapproche de la région parisienne, plus on retrouve cette fichue grisaille parisienne. Une fois posé sur le tarmac de l'aéroport d'Orly, il pleut fort.
Ciao Italia !
Benvenuti in Francia !
